Pollestres - Site de la ville

Un peu d'histoire...

les origines de Pollestres

L’histoire de notre village, celle que l’on connaît du moins, commence en 878. Il y aura juste mille ans en effet, le 8 septembre prochain que les moines se l’Abbaye de Sainte- Marie d’Arles sur Tech obtenaient des droits sur la seigneurie de Pollestres.

Cela est consigné dans un diplôme de sauvegarde du roi Louis II « Le Bègue ». Le père de celui-ci, Charles II « Le Chauve », empereur d’Occident, avait quelques années auparavant, doté la Catalogne de son drapeau « sang et or », celui-là même qui flotte actuellement encore sur nos édifices publics et au sommet des mâts de nos stades.
Les circonstances de cette « invention » méritent d’être contées car elles constituent une belle enluminure de notre haut Moyen-âge que relate un opuscule signé par M. Jh. Rous, ancien député des P.O et que nous résumons.
 
C’est en 862. Les Normands envahissent par mer, la Côte méditerranéenne, de la Camargue jusqu’à Collioure. Ils pénètrent dans les terres et détruisent Castell-Rossillo (près de Perpignan: Château Roussillon), ainsi que la riche abbaye d’Arles dont devait dépendre quelques années plus tard, la seigneurie de Pollestres. Charles le Chauve lutte donc avec acharnement contre les envahisseurs. « Sous les ordres, combat Joffre le Poilu », celui qui par la suite, devait devenir le premier Comte de Barcelone.
Joffre est grièvement blessé en combat d’un coup de lance dans la poitrine. « Après la victoire, le roi vient féliciter son valeureux vassal et remarque son bouclier d’or sans blason. Charles le Chauve, trempant alors sa main dans le sang qui coule de la blessure, trace quatre barres rouges sur le bouclier de Joffre et lui fait ainsi un blason : quatre bandes rouges sur fond jaune. Ce sont les couleurs sang et or qu’arborent encore aujourd’hui, de part et d’autre de la frontière, les catalans, aussi bien sur leur drapeau que sur les maillots de leurs groupes sportifs ».
Quelques années après, en 878, notre village est donc officiellement mentionné la première fois ; il est difficile de l’imaginer à ce moment-là. Il est certain que dès le début de son existence, il a été constitué en « seigneurie », et par conséquent fortifié.
Ses habitants vivaient dans l’enceinte du château, entouré de puissantes murailles dont subsistent quelques vestiges de nos jours. Ils travaillent durant de longues journées à la culture des terres du voisinage qui leur fournissait les moyens de vivre en autarcie. Ils récoltaient en effet, les céréales, du vin, de l’huile d’olive, des légumes et des fruits; tandis que l’élevage de mouton et de porc leur procurait les vêtements et la viande.
 
La naissance de son église
« Cette seigneurie, écrit l’Abbé Ausseil en 1923, fut d’abord ecclésiastique ». Il est certain que l’église de Pollestres, sous la forme de chapelle du château, à l’origine, pris naissance en même temps que celui-ci. Il faut donc situer ce début vers la fin du IX siècle.
L’ « Histoire du Roussillon » par Gazaniola, considère que les édifices religieux antérieurs à l’année 859, furent détruits par les Sarrasins lors de leurs innombrables incursions dans notre région. Ces derniers commencèrent à envahir la Septimanie en 714.
A partir de cette date notre pays est le théâtre d’une guerre qui va durer près de deux cents ans, au cours desquels le flux et le reflux des musulmans alterneront sur notre sol avec un tel déploiement de massacres et de pillages qu’ils le laisseront complètement ruiné.

En 778 Charlemagne passe par le Roussillon pour envahir l’Espagne et chasser les Sarrasins. Il trouve le pays si désolé et si vide qu’il fait construire des monastères pour aider les habitants à se fixer sur ces terres.
Il faudra attendre deux cents ans encore pour découvrir la première mention officielle de notre église. C’est en 974, en effet, que le Pape Benoît V adresse aux Bénédictins de Saint-Pierre de Rhodes, une lettre reconnaissant leur autorité sur Saint Martin de Pollestres.
Il faut signaler, pour les nouveaux venus dans notre ville que l’abbaye de Saint-Pierre de Rhodes, actuellement en voie de restauration se trouve au-dessus de Rosas, d’où elle domine la mer : sa visite est très intéressante, tant du point de vue historique que touristique.
En 982, figure dans les archives un diplôme de sauvegarde du roi Lothaire, et, en 990, une nouvelle lettre du Pape Jean XXII. C’est de cette époque-là que date probablement l’abside de l’église Saint-Martin, avec son arcature « mozarabe » en pierres richement appareillée telle que l’on peut admirer, depuis que les jeunes de Pollestres, sous la direction de l’abbé Pagés et M.Ponsich, surent lui redonner son dépouillement originel et la mettre ainsi en valeur, au cours des années 1963-65. Elle apparaît ainsi qu’elle devait être à la fin du Xème siècle, cette église, constituée alors de cette abside et de sa nef centrale; tandis que leurs deux autels latéraux ne devaient lui être adjoints, sous de belles voûtes gothiques, qu’au XVème siècle.
 
L’évolution de la ville jusqu’à nos jours
Pendant de longs siècles, après ces premières dates de son histoire, la population de Pollestres stagne ou plutôt n’évolue que très lentement.
Les habitants conservent leur occupation originelle qui consistait à cultiver leurs champs. Jusqu’au siècle dernier, la polyculture était la règle pour des gens qui devaient pratiquement se suffire à eux-mêmes. C’est pourquoi, ils s’attachaient opiniâtrement à une terre à laquelle ils arrachaient les moyens d’une vie variée selon la diversité des cultures. Celles-ci englobaient les cultures vivrières et fruitières en bordure de la Canteleu, le blé, les oliviers et la vigne sur les côteaux, sans compter l’élevage des ovins et des porcins.
Le recensement le plus ancien à notre connaissance remonte à 1359 et signale 16 feux, soit une centaine d’âmes, pour la population du village.
L’histoire du pays, jusqu’en 1659 où il est définitivement rattaché à la France, est tissée de guerres successives entre les deux nations voisines qui l’occupent alternativement, et cela , bien entendu, ne va pas sans de profondes souffrances pour la population.
Ces dernières subissent aussi les épidémies qui ravagent périodiquement la région. Il semble, d’après les historiens, que l’une des plus sévères ait été celle qui s’abattit sur le Roussillon et en particulier sur Pollestres et les villages environnants, de 1561 jusqu’au printemps de 1564 : la peste, car tel est son nom, occasionnera alors de tels ravages que les hommes désemparés promirent à Dieu, s’il les délivrait de ce fléau, de célébrer pieusement le dimanche de Quasimodo. Telle est donc l’origine de cette même Fête de « Pasquettes » que nous
Un nouveau recensement fait en 1850 annonce 266 habitants d’après Jean de Gazaniola. Il semble que leur nombre s’accroîtra alors de façon régulière, pour atteindre autour des années 1930, le nombre approximatif de 850.
Entre ces deux dates, les habitants restent cultivateurs dans leur majorité mais les lois du commerce font que l’agriculture, qui ne leur échappe pas, devienne de plus en plus spécialisée ; ses principales productions sont le blé, le vin et mes olives.
A la suite de la crise du phylloxéra, en 1875, le vignoble doit être entièrement refait.
C’est à partir de là qu’il va s’étendre sur la totalité ou presque du territoire communal, qu’il ne partage aujourd’hui qu’avec quelques rares plantations de pêchers ou d’abricotiers. La fondation de la cave coopérative en 1930 et les efforts vers la qualité des producteurs font de Pollestres l’un des centres les plus appréciés de l’élaboration des Vin Doux Naturels dont la renommée franchit largement les frontières de France. Pollestres conserve donc de nos jours, son caractère ancestral de village exclusivement vinicole.
Depuis 1960 environ, nous assistons à son évolution actuelle. Sa proximité de Perpignan, l’agrément de son climat et le fait d’être aussi, bien desservi par les structures communales, en font un village de prédilection pour de nombreuses familles qui veulent s’y fixer dans des maisons coquettes.
Pour répondre à cette demande, des initiatives privées ou municipales se manifestent, timidement d’abord, et les premiers lotissements prennent jour. Ils se peuplent rapidement, tandis que d’autres prennent la relève et se développent, et c’est ainsi que l’Est et l’Ouest et du Nord au Sud, le village éclate dans tous les sens pour devenir, en quelques années, une ville de plus de 2000 habitants, avec tous le équipements administratifs, scolaires et sportifs que cette nouvelle situation requiert déjà, à l’heure où nous écrivons.
Le nombre des nouveaux venus augmente de jour en jour. Originaires de tous les horizons de France, ces jeunes ménages qui s’installent ici pour leur travail et ces foyers de retraités qui y viennent chercher le calme et le soleil pour leurs vieux jours, ne manquent pas d’apporter à notre cité, à travers une profonde mutation, un nouveau souffle de vie.
Tous les « anciens » les agréent avec joie et formulent le souhait de les voir bientôt s’intégrer à eux davantage - comme le font les jeunes à la faveur des équipes sportives – afin que la vie de chacun en devienne plus agréable.
 
Article du 2 avril 1978 tiré du périodique “La Croix des P.O"